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camarades le virent fort peu dans le courant de la journée, et le lendemain matin étonnés de ne le pas voir descendre, ils sont montés pour le réveiller ; mais en passant dans le cabinet, ils ont aperçu une fenêtre ouverte, et le secrétaire forcé ; on avait emporté tout l’argent et une partie des bijoux de madame de Varannes. Figure-toi la surprise de ces pauvres domestiques ; ils courent à la chambre de Philippe, et ne l’y trouvant pas, ne doutent plus qu’il ne soit l’auteur du vol ; cependant il rentre à midi, mais ivre au point de ne pouvoir se soutenir. Madame de Varannes le fait chasser, et sans vouloir le livrer aux mains de la justice, se contente de lui refuser tous certificats pour lui ôter la possibilité de rentrer au service. On a fait faire des recherches chez sa femme, qui demeure dans le village, mais on n’a rien trouvé.

Hier soir lorsque Lise vint pour me déshabiller, je remarquai la rougeur de ses yeux qui étaient encore mouillés de ses larmes ; je lui demandai si elle éprouvait quelque chagrin ?

— Non, madame, me répondit-elle, je n’ai qu’à me louer de votre service ; mais je suis bien sûre que madame aurait pleuré comme moi, si elle avait été témoin du désespoir de cette pauvre Marie ; c’est la femme de ce gueux de Philippe : il l’a abandonnée, elle et ses trois petits enfants, sans lui laisser seule-