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rendre heureuse ; » c’est-à-dire recevoir les soins qu’on veut bien me donner, et laisser au temps celui d’affaiblir mes peines, sans espérer qu’il y parvienne jamais.

Je t’ai promis des détails, les voici : Le château de Varannes est situé sur le bord de la mer, il est abrité d’un côté par un bois considérable, de l’autre il domine sur le village qui en dépend, et qui n’est qu’à cinq lieues de D***. Le parc qui l’entoure est immense, la nature en ayant fait un véritable jardin anglais, on a eu le bon esprit de n’y rien changer ; ses prairies, ses beaux arbres, et sa petite rivière, en font un séjour enchanteur qui contraste singulièrement avec la vieille architecture et les vieux ornements du château, lequel n’est ni assez antique pour être beau, ni assez moderne pour être agréable. Madame de Varannes, qui tient beaucoup à tout ce qui lui rappelle ses titres de noblesse, ne connaît rien au-dessus de ce monument tout chargé des bas-reliefs de ses armoiries. Elle m’y avait préparé un des plus grands appartements. J’ai obtenu avec bien de la peine qu’elle me laisserait habiter celui que j’ai choisi, dont la vue est charmante et la distribution commode : je m’y suis fait un cabinet d’étude pareil à celui que j’avais à Paris : mon piano et ma harpe en font les meubles de luxe. Ma fille et sa bonne Lise sont logées près de moi, et cette nouvelle habitation