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je t’abuse… on combat un sentiment docile, l’amour que j’ai pour toi, n’obéit qu’à lui seul… il est indestructible ; il ne connaît ni devoir, ni vertu, et si, dans ce moment, il pouvait flétrir ta colère, s’il te ramenait près de moi, je sens que nulle puissance ne m’arracherait de tes bras. Je couvrirais de mes baisers ce sein que j’idolâtre ; le feu qui me dévore passerait dans tes sens… et je n’invoquerais la mort qu’après avoir goûté la félicité suprême ?… Pardonne, je m’égare ; j’oublie que mes vœux, mes transports, doivent offenser Laure !… et qu’au moment où ses yeux se fixeront sur cet écrit les miens déjà fermés ne la reverront plus. — Grand Dieu ! si ta justice veut me récompenser de tant de maux !… fais que Laure soit heureuse ! je ne demande pour moi qu’un regret de sa part, et si mon âme est immortelle, permets qu’elle veille encore sur cet amante adorée, que du haut des cieux mon amour la protége, et qu’il soit aussi violent le jour où tu voudras nous réunir…

« Adieu, Laure… Adieu. Comprends-tu bien l’étendue de ce mot ? sais-tu pour combien de temps il nous sépare ?… hélas !… peut-être… le soleil brûle et ne s’éteint jamais… mon cœur brûle aussi… j’ignore tout le reste…

« Ma sœur vient de me quitter. Elle retourne près de ses enfants ; puissent leurs caresses la consoler de la perte d’un frère qui l’aimait tendrement… Billing