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nait avec complaisance tout ce qu’on lui donnait pour la soutenir.

— M. Bomard nous a conseillé, ajouta-t-elle, de céder à ses désirs, hélas ! elle n’en témoigne aucun, et nous bornons tous nos soins à retenir son enfant auprès d’elle,

Delval voulut parler à Frédéric, on lui dit qu’il était à Savinie ; il s’y fit conduire et rencontra sur la grande route la voiture de madame de Gercourt qui retournait à Paris. L’arrivée de madame de Norval lui avait donné beaucoup d’humeur, elle en était fort connue et encore plus du chevalier Delval qu’elle avait honoré autrefois d’une flatteuse préférence. Toutes ces raisons étaient plus que suffisantes pour l’engager à s’éloigner d’une habitation où régnait la douleur. Elle crut devoir profiter du trouble qui remplissait la maison pour la quitter sans bruit, et madame de Varannes n’aurait jamais entendu parler d’elle si la lecture de ses ouvrages et la nouvelle de son ingratitude envers un prince auquel elle devait tout, ne fût venu par la suite la rappeler à son souvenir.

Frédéric, après avoir goûté un moment de bonheur en embrassant son ami Delval, lui raconta tout ce qui s’était passé depuis son retour à Varannes, et l’état où se trouvait James. Delval en fut touché, et admira le sublime courage qui l’avait porté à découvrir lui-même un secret qui lui enlevait pour jamais