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À la garde de l’épée est attachée une lettre ; Laure croyant s’abuser s’en saisit et reconnaît l’écriture de son époux. À cette vue un froid mortel circule dans ses veines… Elle jette en frémissant les yeux sur cet écrit, et lit :

« Malheureux James, veille sur ma famille, et je te pardonne ma mort… »

— Toi, l’assassin de mon époux ! s’écrie Laure en s’emparant de l’arme fatale ; monstre…, je vais me venger de toi…

Elle veut se frapper… ; le souvenir de son enfant l’arrête… Elle s’enfuit…, se traîne échevelée…, mourante, loin de ce séjour d’horreur, s’égare, et va tomber au pied d’un chêne,

Cependant le ciel commençait à s’éclaircir ; l’orage, au lieu d’éclater, s’éloignait peu à peu ; et déjà le soleil reparaissait avec éclat, comme si ses premiers rayons ne devaient éclairer que le bonheur et l’allégresse, quand James, succombant à son inquiétude, et présageant les malheurs attachés à l’aveu de son crime, sortit de chez lui pour se rendre à Varannes, dans l’espoir d’arriver assez à temps pour remettre à Laure la lettre qui contient l’histoire de sa vie, et qui doit peut-être excuser son crime. Personne n’était réveillé lorsqu’il arriva ; il fit lever le concierge, qui lui dit que Mme d’Estell n’était pas visible d’aussi bonne heure, et que, s’il voulait se