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venir de l’ingrat qui n’a pas daigné répondre à cet amour ! rends-moi au repos, à la vertu, et préserve ma fille du malheur qui m’accable !… il m’abandonne sans regret… donne-moi son indifférence, ou permets que je succombe à mes maux.

— Ô ciel ! n’exauce pas ces vœux, me répond une voix adorée, punis mon crime ! apprête ta vengeance !… Je suis aimé, je puis tout supporter… Ô ma Laure, dit James en se jettant à mes pieds, reçois les serments de celui qui t’adore ! Apprends que depuis longtemps je ne vis que pour toi ; que dis-je ! ô ciel ! je n’ai commencé à vivre qu’en t’aimant. Jusqu’à ce jour, ébloui par de trompeuses apparences, j’avais cru connaître l’amour ; je nommais des larmes de tendresse, celles que l’orgueil outragé m’avait fait répandre pour une perfide… Mais ce que tu m’inspiras, détruisit bientôt mon erreur, et je ne vis plus que toi dans la nature, ton sourire fit mon bonheur, et tes peines mon supplice. Les remords, la jalousie, en déchirant mon âme n’ont fait qu’augmenter mon amour. J’ignorais le tien, et j’ai voulu te fuir. Mais quelle puissance au monde pourrait en ce moment m’arracher de tes bras ?… Répète-moi, ô ma divine amie, que le même sentiment remplit ton cœur !… que je suis tout pour toi, et que tu m’appartiens… Il faut qu’à force de bonheur, tu me fasses oublier mon crime et mes tourments.