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à son secours ; car s’il reste encore un jour abandonné à lui-même, je ne réponds plus de sa vie.

« Je suis, etc.

André Chénaut. »


Il n’y a pas un moment à perdre, et je vais sur l’instant offrir à Frédéric la somme qui doit l’acquitter. Mais comment aller le trouver sans instruire sa mère du motif de mon départ, et surtout sans me compromettre… il m’en coûtera, n’importe, je me résigne au seul moyen qui satisfasse à ces deux points. Je vais demander un entretien secret à madame de Gercourt, elle sentira la nécessité d’épargner à madame de Varannes la nouvelle de ce malheur que nous devons lui laisser toujours ignorer ; je flatterai son amour-propre en la priant de partager avec moi le plaisir de secourir le fils de son amie ; et j’espère la déterminer à m’accompagner à D***. Nous partirons après le coucher de madame de Varannes, et nous pourrons revenir d’assez bonne heure, pour qu’elle ne soupçonne pas notre absence ; je suis sûre de la discrétion des gens de la maison. La présence de madame de Gercourt ôtera à cette démarche toute apparence d’inconséquence ; et nous arriverons peut-être assez à temps pour sauver Frédéric.