Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LVII


Frédéric est parti aussitôt après la scène que nous avons eue ensemble ; sa mère m’a dit qu’elle présumait qu’il était allé voir sa sœur ; et deux jours se sont écoulés depuis ce moment. Lis le billet que je reçois de son valet de chambre, et vois si tous les malheurs ne sont pas réunis sur notre famille.


De D***
« Madame,

« Excusez la liberté que je prends de vous écrire ; je n’ai trouvé que ce moyen de sauver mon maître de l’excès de son désespoir. Il est arrivé ici dans le plus grand désordre. Plusieurs de ses amis l’ayant rencontré, l’ont engagé à se distraire et l’ont emmené chez eux ; il y a passé la nuit dernière, et ce matin quand il est revenu il n’était plus reconnaissable. Il me dit qu’il voulait se tuer, parce qu’un homme qui venait de perdre au jeu plus que sa fortune, n’était plus digne de vivre. Enfin, madame, je n’ose le quitter, et je pleure comme un malheureux de le voir dans cet état. Daignez envoyer, par pitié, quelqu’un