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velle me fit éprouver… Je ne vis plus de ressource que dans madame de Gercourt. J’allai baigner ses genoux de mes larmes, je lui fis l’aveu de ma faute… j’implorai son assistance, sa pitié ! Le croiriez-vous, Laure !… Elle me repoussa… Son mépris m’accabla des expressions les plus dures ; elle alla jusqu’à me menacer de la malédiction de ma mère… m’ôta tout espoir de la fléchir, et refusa de lui dire un seul mot en ma faveur, ajoutant qu’on la soupçonnerait d’avoir protégé ce commerce odieux, si elle avait la faiblesse de chercher à l’excuser.

Ce fut après cette horrible scène que je vous écrivis, et que je me décidai à fuir pour jamais la maison paternelle. J’attendis que tout le monde fût endormi pour exécuter plus sûrement mon dessein ; je pris mes vêtements les plus communs ; et après avoir rempli mes poches de mes bijoux, et d’une légère somme acquise par mes économies, et destinée à secourir les malheureux, je descendis dans le jardin ; je trouvai dans un des potagers une échelle qui me servit à monter sur le mur, et sans penser au danger que je courais, je m’élançai de l’autre côté, et je retombai sans m’être fait aucun mal. Je pris la route de D***, et marchai tant que mes forces me le permirent ; mais les sentant épuisées, je fus contrainte de m’arrêter à la porte d’une auberge, près d’un petit village. On m’y reçut assez bien. Je dis que j’étais une femme