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n’avaient pas produit cet effet sur vous ; mais elle me répondit qu’ils avait déjà corrompu votre cœur, et crut m’en donner la preuve, en m’assurant que du jour où je vous avouai mon amour pour sir James, vous aviez formé le projet de le détacher de moi, par pure coquetterie ; car elle avait la certitude, disait-elle, que dans le même instant où vous l’attiriez par des regards séduisants, vous répondiez plus réellement encore à la passion que vous inspiriez à mon frère. J’avoue que cette calomnie acheva d’aliéner mon esprit ; je lui promis de rompre tout commerce avec vous et j’allai me confesser à l’abbé de Cérignan de toutes les fautes que je pensais avoir commises, en aimant un homme indigne de mon affection, et en plaçant ma confiance dans une femme impie. L’abbé reçut mes aveux comme ceux du plus grand criminel ; je n’obtins son absolution qu’en faisant au ciel le serment de me consacrer désormais tout entière à lui, et d’expier par la pénitence le péché mortel d’avoir livré mon âme à de profanes désirs. Depuis ce moment il se joignit à madame de Gercourt pour m’engager à m’occuper uniquement du soin de mon salut. Il me répéta souvent que sir James était protestant, et qu’en liant mon sort à celui d’un hérétique, je me serais condamnée volontairement aux peines éternelles. Cette idée en remplissant mon cœur d’une terreur affreuse, en chassa jusqu’au