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— Il faut que je vous quitte, il se répand déjà des méchants bruits sur les démarches que j’ai faites pour mademoiselle de Varannes, et ma présence ici pouvant lui faire du tort, ou lui causer un embarras pénible, je dois m’en éloigner, quoiqu’il m’en coûte infiniment.

À ces mots, je restai interdite. James avait raison, je le sentais, et pourtant je cherchai à le retenir ; mais il ne céda point au désir que j’en témoignai, et j’eus le double chagrin de ne rien obtenir de lui, et de lui paraître coupable, en prenant aussi faiblement les intérêts de ma sœur. Après nous avoir expliqué les moyens de parvenir jusqu’à elle, en demandant au capitaine la permission de voir mademoiselle Thérèse ; ce nom étant celui que Caroline avait pris, il partit, en tournant vers moi ses regards ; et je me trouvai moins à plaindre, en lisant dans ses yeux le regret de me quitter.

Nous prîmes, M. Bomard et moi, le chemin qui conduit au port. Il nous fallut subir cent questions, avant de parvenir à la chambre du capitaine ; heureusement il était seul, et voulut bien aller chercher lui-même Caroline, qu’il ramena bientôt, en disant :

— Vous pouvez, ma petite, recevoir vos amis dans ma chambre, je vais donner des ordres, et vous y serez plus libre pour jaser.

En finissant ces mots, il nous salua et sortit. À