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fier le soin qu’à un homme de qui l’extrême délicatesse égale la discrétion. Il s’agit du sort d’une infortunée qu’un instant d’égarement a plongée dans le malheur ; et qui se croyant avilie par le crime de son lâche séducteur, peut se porter à tous les excès d’un affreux désespoir. Caroline est celle pour qui je vous implore ; elle n’a pas craint de nous livrer à la douleur en fuyant loin de nous ; elle est partie en nous laissant ignorer le lieu de sa retraite, mais plusieurs indices me font croire qu’elle s’est transportée au port le plus voisin, dans l’espérance de s’y embarquer. Je n’aurais pas hésité un instant à courir sur ses traces, si j’avais pu quitter ma belle-mère dans l’état où elle se trouve ; mais n’en ayant pas la possibilité, j’ai recours à vous, comme à l’ange protecteur auquel j’ai dû tant de fois ma consolation. Je ne vous indiquerai pas les moyens les plus sûrs de nous secourir dans ce cruel événement, j’ai l’expérience que vous joignez la grâce d’obliger, à tout ce qu’on emploie de plus ingénieux pour y réussir ; et je suis heureuse en pensant que cette occasion vous prouvera ma confiance, mon amitié, et le charme que je trouve à compter sur la vôtre.

Laure d’Estell.