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des yeux de sa victime, et craignant l’effet de son repentir, il l’a abandonnée !… Oh ! Laure ! à tant de maux il fallait succomber, direz-vous, Caroline devait mourir !… Eh bien, jusqu’à cette ressource, tout lui fut enlevé. Sa vie ne lui appartient plus. Celle d’un autre y est attaché ; et le ciel a voulu qu’il restât un fruit de cet horrible amour, pour en éterniser le souvenir… à cette idée mes forces s’évanouissent.

Adieu, Laure, oubliez-moi… Ne songez qu’à ma mère. Que vos vertus la consolent… Qu’elle retrouve près de vous et de Frédéric les soins qu’il m’eût été si doux de prodiguer à sa vieillesse. Ne parlez désormais de moi que pour offrir à votre enfant l’exemple effroyable de ma situation. Ne vous informez point de mon asile. Quand vous recevrez cette lettre, nous serons déjà séparées pour toujours. Mais, oh ! ma chère Laure ! rappelez-vous que la sœur de Henri était née pour vivre au sein de la vertu, pour vous chérir, pour être aimée de vous, et versez une larme en pensant à ses malheurs, et bientôt à sa mort.

Caroline de Varannes.