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— Comment, ai-je dit, cette boîte appartient à votre maître. Vous vous trompez sûrement, car je viens de l’acheter.

— Oh ! non, madame, je ne me trompe pas, c’est bien elle ; c’est sûrement quelqu’un qui, après l’avoir ramassée, l’aura apportée à madame.

Je lui demandai comment il se pouvait que son maître l’eût perdue, et voici ce qu’il me raconta :

— Peu de temps avant le départ de milord, me dit-il, il m’envoyait trois fois par jour chez l’ouvrier qui faisait cette boîte, pour le presser davantage ; quand nous partîmes, je la mis dans une des poches de la voiture, croyant qu’elle y serait mieux que partout ailleurs ; mais un peu avant d’arriver à Savinie la poche se détacha, et la boîte tomba à côté de milord, qui la prit et la jeta avec violence hors de la voiture ; je voulus faire arrêter les postillons et courir la ramasser ; mais milord me retint par le bras et me défendit d’un ton imposant de parler à mes camarades de ce qu’il venait de faire. Je lui ai obéi ; et je vous prie, madame, de vouloir bien l’assurer que ce n’est pas moi qui leur ai indiqué l’endroit où ils ont dû la trouver.

Je le rassurai sur ce point, en lui racontant comment elle m’était parvenue ; et je voulus le charger de la rendre à son maître, mais je ne pus l’y déterminer ; il m’assura que milord ne la reprendrait pas,