Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Moi, former de nouveaux liens ! lui ai-je répondu, ah ! je suis loin de concevoir un tel projet ; j’espère suffire aux soins qu’exige l’éducation de ma fille ; je compte vivre dans la retraite jusqu’au moment où je croirai devoir lui donner une idée du grand monde, pour qu’elle ne se laisse pas enthousiasmer par ce qu’il offre de séduisant ; et je suis décidée à faire tous les sacrifices pour elle, excepté celui de ma liberté, sûre qu’elle n’en retirerait aucun avantage.

Cette parole a paru l’affliger ; elle a dit en pleurant :

— Vous avez prononcé la sentence de Frédéric ; il est écrit que tous mes enfants seront malheureux !

Elle fit cette exclamation d’un ton si touchant, que mon cœur en fut pénétré. Je me jetai dans ses bras, et mes larmes coulèrent abondamment.

— Laissez-moi quelque espoir, ajouta-t-elle ; Frédéric est fait pour vous plaire, et son amour pourra peut-être un jour vaincre votre résistance ; malgré son apparente légèreté, il est susceptible d’un sentiment aussi profond que durable ; je vous réponds de sa constance, puisse-t-elle parvenir à vous faire partager sa tendresse !… Cette espérance peut seule me consoler des chagrins que j’éprouve. Caroline m’en cause de nouveaux : Croiriez-vous qu’elle désire s’éloigner de moi, et que sa ferveur la porte à se