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Je veux m’éloigner de lui avant que la douleur ait entièrement égaré ma raison. J’écrirai demain à ma belle-mère pour lui annoncer mon retour. Dans deux jours je ne serai plus à Savinie ; Lucie n’a plus besoin de moi, puisque son frère est auprès d’elle, et mon départ n’affligera personne. Adieu.



XLI


De Varannes, ce…

Admire mon courage, Juliette !… J’ai pu le quitter sans me trahir ! sans lui laisser soupçonner ce que cette séparation coûtait à mon cœur ! Heureusement pour moi, il n’a rien dit qui dût augmenter mes regrets ; car je ne sais point si la plus légère marque de tendresse de sa part ne m’eût pas fait renoncer à toutes mes résolutions.

Le lendemain de son arrivée il est venu voir ma fille, comme je te l’avais annoncé, et il a paru sensible à ses caresses ; elle l’a remercié de toutes les jolies choses qu’il lui apportait de Paris, et lui a demandé s’il y avait dans tout cela un présent pour sa maman :

— Certainement, répondit-il, mais ce n’est pas moi qui ai le bonheur de lui offrir.