Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

courir un aussi grand danger pour sauver la vie de mon enfant ? La reconnaissance m’ordonne de l’aimer, tous les sentiments s’unissent pour augmenter mon amour. J’ai demandé s’il ne serait pas imprudent à lui de se remettre en route avant d’être entièrement rétabli.

— Vraiment, a dit le docteur, il risquera beaucoup, mais qui saura le retenir ? S’il a mis dans sa tête de revenir, je défie le monde entier de l’en empêcher.

Je vais lui écrire, ma Juliette, je vais le supplier au nom de sa sœur, au nom de celle qu’il vient d’arracher à la mort, de prendre soin de lui, et de ne fixer son retour qu’au moment où ses forces lui permettront de supporter les fatigues du voyage. Pour toi, mon amie, écoute aussi la prière que j’ai à te faire. Promets-moi d’envoyer exactement chercher de ses nouvelles, et de m’instruire des moindres détails de sa maladie ; je ne croirai que ce que tu m’en diras. Je le connais assez pour être sûre qu’il cacherait à sa sœur tout ce qui pourrait l’inquiéter, et j’ai besoin des assurances que tu me donneras pour ne pas me livrer à tous les tourments de l’inquiétude. J’attends ce service de ton amitié, il sera pour moi ce qu’est une douce lueur dans le cachot d’un malheureux prisonnier.

Tu trouveras ci-joint l’adresse de James.

Adieu.