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prend un petit mouvement de fièvre. Le médecin m’assure qu’il est l’effet de sa croissance : elle grandit beaucoup ; mais je crains qu’il ne se trompe sur la cause de ses fréquents accès ; s’ils se réitèrent encore, je t’enverrai un bulletin exact de tout ce que j’aurai remarqué sur son état, et tu le montreras au docteur Nélis : j’aurai plus de confiance dans la consultation qu’il te remettra, que dans toutes les ordonnances de nos médecins de campagne. Ce n’est pas que je les accuse d’ignorance ; mais j’ai toujours peur qu’ils ne fassent abus des remèdes, pour mieux prouver l’emploi qu’ils en savent faire ; et je trouve que lorsqu’on est assez malheureux pour être obligé d’avoir recours à la médecine, il ne faut pas se confier légèrement. J’ai rencontré dans le monde des gens qui livraient leur santé et celle de toute leur famille, à ce qu’ils appelaient un médecin de leurs amis. La crainte d’humilier l’amour-propre de cet ami, les empêchait souvent d’en appeler un autre dans les moments de danger, et je les ai vus plus d’une fois victimes de cette complaisance ; enfin ils m’ont appris à ne pas les imiter, et je ne connais aucune considération qui pût me déterminer à une condescendance aussi blâmable.