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contredanse par un des amis de Frédéric, que je venais de refuser, n’étant pas disposée à jouir d’un plaisir auquel j’ai renoncé depuis longtemps. Jeannette flattée de l’invitation du galant officier, quitta brusquement le bras d’un jeune homme, auquel elle avait paru accorder jusqu’à cet instant quelques préférences, et ce pauvre délaissé sortit brusquement en témoignant toute son indignation d’un procédé aussi peu délicat. Je le plaignis dans le fond de mon âme, et désirant savoir de quelle manière la petite écouterait les doux propos que ne manquerait pas de lui adresser l’officier, je l’observai attentivement ; j’avais déjà fait plusieurs remarques sur son compte, lorsque sir James passa près de moi, la chaîne qu’il vit à mon cou le frappa, il n’alla pas plus loin et vint s’asseoir sur le siége le plus près du mien ; il garda quelque temps le silence et rien ne m’aurait engagé à le rompre s’il ne m’avait adressé la parole le premier, en disant :

— Comment se peut-il qu’on vous laisse ainsi seule, madame ; il faut que vous l’ayez ordonné !

— Non, monsieur, mais le jeu me déplaît, je ne fais une partie qu’autant que je suis nécessaire ; je ne danse plus, et il est fort simple de me voir seule quand tout le monde est occupé.

Je lui dis alors ce qui fixait mon attention, je lui parlai de Jeannette en grossissant les torts de sa co-