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mis de ne te rien cacher, tu interpréteras mes récits à ton gré, ils n’en seront pas moins fidèles.

Hier à midi, Emma entra toute parée dans ma chambre et me remit un bouquet de la part de son ami (c’est le nom qu’elle donne à sir James). — M. le curé est dans la chapelle, ajouta-t-elle, tout le monde est arrivé, on n’attend plus que toi, descends bien vite ; ah ! mon Dieu ! comme tu es belle ! Cette bonne petite me voyant tous les jours à peu près mise de même, a été frappée de la simple parure que je portais ; j’avoue pourtant que je l’avais un peu plus soignée qu’à l’ordinaire, et je te dois la confession de ce petit mouvement de coquetterie. Au moment où je suivais Emma pour me rendre à sa pressante invitation, on m’annonça sir James qui venait pour me donner la main ; je remarquai sur sa physionomie un air serein que je n’y avais point encore vu, et ma surprise s’accrut lorsqu’après m’avoir regardée fixement, il me fit le compliment le plus aimable ; je me plaignis de cet excès de politesse, en lui disant que j’étais en droit d’espérer qu’il ne me traitât pas comme toutes les femmes avec lesquelles il faut toujours entamer la conversation par une flatterie.

— Pourquoi sortir de votre caractère, lui dis-je, votre franchise vaut mieux que notre galanterie française !