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leurs vœux étaient comblés, et sa félicité m’a rappelé les moments les plus doux de ma vie ; elle lui a rendu la santé, et nous attendons qu’elle soit tout à fait rétablie pour lui donner une fête le jour du baptême de son enfant. Emma et Jenny en font les préparatifs ; elles ont commandé un berceau tout en fleurs, et malgré la saison, elles veulent qu’on se croie au printemps. Tout le château de Varannes est invité ; j’ai écrit à ma belle-mère pour lui apprendre l’heureux accouchement de Lucie, et quelques jours après je suis allée la voir. Elle m’a reçue avec sa bonté ordinaire ; mais madame de Gercourt m’a traitée avec un air de dédain qui m’a choquée. Caroline n’était pas au salon quand je suis arrivée ; j’ai demandé de ses nouvelles et de celles de son frère ; madame de Varannes m’a répondu qu’elle devait être dans un des cabinets qui sont auprès de la chapelle.

— L’abbé de Cérignan, a-t-elle ajouté, a promis de lui lire ce soir une oraison de Bossuet, et je présume qu’il est avec elle.

Je trouvai singulier qu’on laissât ainsi des soirées entières une jeune personne avec un homme qui, quelque saint qu’il puisse être, n’est pas à l’abri d’une faiblesse ; mais je me gardai bien de faire part de ma réflexion, elle eût été trop mal accueillie.

— Quant à son frère, continua-t-elle, il ne quitte