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mère de mon enfant ; il faut qu’il porte le nom de Laure ou de James, et je compte sur tous deux pour le protéger. Me trompé-je ?

— Non, lui répondis-je en l’embrassant, je ne refuserai pas de m’unir plus étroitement à vous.

Sir James gardait le silence, et nous avions les yeux fixés sur lui pour chercher à deviner sa pensée, lorsque sortant de sa rêverie, il s’écria :

— Bizarre destinée !

Puis tout à coup passant à une autre idée :

— C’est avec madame d’Estell, ajouta-t-il, que je vais contracter un engagement sacré, je ne serai plus un étranger pour elle : ah ! ma Lucie, je te dois un bonheur dont je n’aurais jamais osé concevoir l’espérance !

— Je prévois, interrompit M. Bomard, que nous allons être tous heureux.

À ces mots, les yeux de sir James ont rencontré les miens ; ils semblaient vouloir lire dans mon âme, si je partageais ce pressentiment. Hélas ! je n’en ai plus que de tristes ? Il a deviné que j’étais loin de me livrer à d’aussi douces illusions, et bientôt il est retombé dans sa mélancolie.

La nuit du même jour Lucie est accouchée d’un fils ; la joie qu’elle en a éprouvée a compensé grandement ses douleurs ; sa première pensée a été pour son époux ; elle m’a chargée de lui annoncer que