Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai tâché de réparer, autant qu’il m’a été possible, la petite injustice qu’on avait faite au bon curé de Varannes, en faveur de l’abbé ; cet homme vraiment estimable m’a su un gré infini d’une démarche bien simple en elle-même. J’ai été lui faire une visite avec Emma : nous sommes arrivées au moment où il faisait répéter les leçons de plusieurs enfants du village, dont il soigne lui-même l’éducation ; je l’ai conjuré de ne pas interrompre un devoir aussi respectable, et de me laisser jouir du plaisir que j’éprouvais à le lui voir remplir. Il m’a dit qu’il y avait dans Varannes une école générale pour tous les enfants du pays : ils y apprennent seulement à lire, à écrire et à compter ; quand ils parviennent à l’âge de neuf ans, le curé se charge de les instruire dans leur religion, leur fait apprécier la morale de l’évangile, leur donne quelque notion d’arithmétique et de l’art du dessin si utile à tous les états. En leur procurant ainsi les moyens de s’occuper à mesure qu’ils grandissent, dans les moments où leurs travaux leur laissent quelque loisir, il les met à l’abri des dangers qu’entraîne l’oisiveté ; sa bonté lui attire la confiance de tous ses paysans ; il ne leur fait pas de longs sermons, et il évite surtout d’y faire entrer de grands mots incompréhensibles pour eux : il leur cite des faits, en tire des conséquences, et s’arrange pour qu’ils en connaissent le but moral, avant même qu’il