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— Quant aux ministres, je suis sûr de leur approbation, je les ai invités à souper ici demain. La princesse de Conti, madame de Charolais, madame de Toulouse, mesdames de Maurepas et de Mauconseil, enfin toutes les nobles habituées des petits soupers m’ont fait l’honneur d’accepter le mien, jugez de ma faveur !

— Ah ! voilà le petit comité que vous nous ménagez pour demain ? dit madame de Mirepoix. Eh bien, tant mieux ! les Maurepas en crèveront de dépit.

— Et moi, que deviendrai-je ? pensa madame de la Tournelle.



XVIII

LES PARIS SONT OUVERTS


Les gens de M. Duverney passèrent la nuit à tout préparer pour la grande réception du lendemain. Des décorateurs, venus de Paris, construisirent, comme par enchantement, une galerie qui devait conduire, à couvert, du château aux serres, précaution fort nécessaire à cette époque de la saison où les soirées sont humides et sombres. Les cloisons de cette galerie improvisée étaient recouvertes de velours vert et ornées des tableaux que M. Duverney avait empruntés à sa riche collection de Paris. La plupart de ces tableaux avaient pour sujet les batailles et les événements marquants du règne de Louis XIV. L’un d’eux représentait la plus belle fête donnée par le grand roi a Fontainebleau ; un autre, la prise d’habit de la duchesse de la Vallière.

Les voix des ouvriers, les coups de marteau retentirent toute la nuit sans réveiller madame de la Tournelle. Elle n’essaya pas même de goûter un instant de repos, tant l’agitation qu’elle éprouvait était violente ! Dans les émotions douloureuses, l’accablement amène quelquefois un instant de sommeil ; mais dans les palpitations de cœur, où la joie entre pour quelque chose, il n’est point de calme à espérer.