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d’amour qu’il recevait de tous côtés. Leur ayant avoué la crainte qu’elle avait de voir son arrivée à Lille diminuer l’enthousiasme que le peuple et l’année montraient pour le roi, ils la rassurèrent en lui affirmant que sa conduite à la prise de Menin venait de lui acquérir à un si haut degré la confiance et l’amour du peuple, qu’il pouvait braver sans risques les propos de quelques mécontents.

Il était neuf heures du soir lorsqu’elle arriva à Lille. Elle descendit à la porte d’une maison adossée à l’hôtel de ville, où logeait le roi. Ce fut son ancien ami le maréchal de Noailles lui-même qui vint lui offrir la main pour monter dans son appartement, où se trouvait réuni tout ce que la cour et l’armée avaient de plus distingué : une si brillante réception dissipa complètement ses inquiétudes sur l’effet de son voyage.

On annonça un message du roi : il envoyait demander des nouvelles de la duchesse. Alors chacun, se rappelant qu’elle devait être fatiguée de la route, prit congé d’elle.

Après être restée une heure dans un jolie salle de bain préparée à la hâte, elle entra dans la salle à manger, où la vue de deux couverts fit battre son cœur ; car madame de Lauraguais, étant un peu souffrante, s’était mise au lit en arrivant, et ne devait point souper avec elle. Alors madame de Châteauroux se livra à tout le ravissement de la plus douce attente.

Le roi ne la prolongea point.



LI

LA MALADIE


Pendant ce temps, le prince de Clermont investissait Ypres et Furnes, et le duc de Boufflers le fort de la Kenoque, qui capitulèrent bientôt. Le roi décidait dans son conseil des opérations de l’armée, et venait ensuite en surveiller l’exécution ; on observa, au siège d’Vpres, qu’il défendit aux canonnière de tirer sur les églises et les maisons de la ville,