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Florentin, qui fut chargé, non-seulement de la correspondance pendant l’absence de Sa Majesté, mais de toutes les affaires instantes dans l’intérieur du royaume. La conférence terminée, le roi monte chez madame de Châteauroux ; il apprend par mademoiselle Hébert que la duchesse est dans le parc, il court l’y rejoindre. Comme il paraissait hésiter, après avoir descendu le perron, sur le chemin qu’il devait prendre, le factionnaire qui se trouvait près de là dit, en dépit de la consigne :

— Par l’allée des Sorbiers, Sire.

Et le roi sourit en le remerciant :

— Ton nom ? demande-t-il.

— Louis Barget, Sire.

— Es-tu de ceux qui m’accompagnent ?

— Hélas ! mon Dieu, non, reprit le soldat aux gardes d’un ton triste.

— Eh bien, voilà pour t’en consoler, dit le roi en lui donnant sa bourse. Tu boiras à nos victoires.

— Ah ! de tout mon cœur, Sire, et ma mère aussi ! la pauvre femme, va-t-elle tirer les cartes !

— Quoi ! ta mère est sorcière ?

— Ah ! Sire, je le voudrais bien, vraiment ; car, depuis qu’elle sait le départ de Votre Majesté, elle voit dans ses diables de cartes des choses admirables pour notre bon roi.

— En vérité ! dit Louis XV, qui n’était pas exempt d’un peu de superstition ; et que voit-elle donc ?

— Toutes sortes de triomphes, Sire ; mais je ne saurais expliquer tout ça si bien qu’elle, c’est qu’elle a l’argot de la prédiction à un point !…

— Eh bien, quand tu auras fini ta faction, tu iras trouver Lebel, il te donnera une commission dont tu ne parleras à personne, entends-tu ?

— Il suffit, Sire, ah ! soyez béni du ciel comme vous l’êtes du soldat, et ma mère aura raison.

Le roi franchit l’allée des Sorbiers et se trouva bientôt dans le bosquet des Lias.

— Chère Marianne, s’écria-t-il en apercevant madame de Châteauroux baignée de pleurs, ne t’afflige pas ainsi, ou bien je reste, je t’emmène, je me rends coupable de cent manières pour t’épargner des larmes ; songe que tu es ma