Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

douleur, trop extrême pour durer, ne l’empêcha point d’épouser par la suite Albergotti.

Son fils, le marquis de Nesle, épousa en 1709 mademoiselle de Laporte-Mazarin, connue par son esprit et sa galanterie ; elle était dame du palais de la reine, et mourut en 1729, laissant cinq filles, qui toutes attirèrent les regards de Louis XV.

La première, Louise-Julie, épousa Louis-Alexandre comte de Mailly, son cousin, en 1726, et mourut en 1751 : c’est la première et l’aînée des sœurs qui furent aimées du roi.

La seconde, Pauline-Félicité, épousa Félix de Vintimille, et mourut en 1741.

La troisième, Diane-Adélaïde, née en 1714, fut mariée par le roi à Louis de Brancas, duc de Lauraguais.

La quatrième, Hortense-Félicité, épousa le marquis de Flavacourt en 1739 ; elle vivait encore en 1792.

La cinquième, Marianne, est celle dont nous écrivons l’histoire. Née en octobre 1717, rue de Beaune, dans le grand hôtel de Mailly-Nesle, dont une partie existe encore, et notamment la chambre toute dorée où la duchesse de Châteauroux vit le jour, elle fut confiée aux soins d’une nourrice choisie dans les environs du château de Nesle, en Picardie, et le régisseur du premier marquisat de France fut chargé de surveiller l’enfant et la nourrice comme les autres intérêts de son seigneur.

On croyait alors que les enfants élevés à la campagne, et vivant le plus longtemps possible du sein de leur nourrice, étaient plus beaux et moins sujets aux maladies. Ce préjugé, dont la coquetterie des mères s’arrangeait aussi bien que la santé des enfants, fit que la jolie petite Marianne de Nesle resta chez sa nourrice près de trois ans. La marquise de Nesle, tout occupée du sort de ses filles aînées, dont l’une devait épouser son cousin, négligeait beaucoup l’éducation de Marianne. La comtesse de Noailles s’en aperçut, et conjura son amie de lui confier pendant quelque temps cette charmante petite fille pour être élevée avec ses enfants.

C’est de cette époque que date l’amitié des Noailles pour madame de Châteauroux.

Cet exemple donné, la duchesse de Lesdiguières voulut le suivre, et elle se chargea de la jeune Adélaïde de Nesle,