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pas ; le lieutenant civil lui en dit autant. Enfin, il va au premier président ; celui-là l’écoute, il est vrai, mais il s’osbtine à ne pas croire la chose, et l’affaire en reste là[1].

LE MARÉCHAL.

Cela ne m’étonne pas. Ce petit libertin d’avocat général est parent du président M… ; ce sont des convenances de famille.

D’ALEMBERT Et ils croient de bonne foi que ces convenances-là seront longtemps respectées !…

LA DUCHESSE DE LAURAGUAIS.

Eh bien, voilà des droits au fauteuil ; il sera chargé de l’éloge de Fontenelle.

L’ABBÉ DE BERNIS.

Je ne lui envie pas cet honneur.

LA DUCHESSE DE LAURAGUAIS.

Vous trouvez son éloge difficile ?

L’ABBÉ DE BERNIS.

Non pas à faire, madame, mais à penser. On raconte de lui des traits d’égoïsme…

LE MARÉCHAL.

Quoi ! l’histoire des asperges ?… rien n’est moins avéré ; demandez plutôt à M. de Condorcet, qui recueille en ce moment les principaux faits de la vie de Fontenelle, s’il était aussi in sensible qu’on le prétend. On appuie ce jugement sur ce qu’il « vécu un siècle ; eh bien, moi, j’espère vivre longtemps. L’ami Voltaire, tout malade qu’il est, atteindra ses quatre-vingts ans, j’en suis sûr ; et on ne nous reprochera, ni à lui, ni à moi, de n’avoir rien senti. Mais quel est l’homme dont le cœur

  1. Nouvelle à la main. Manuscrits de la Bibliothèque royale.