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remplirai, fallût-il aller frapper votre ennemie au sein de l’enfer, ou acheter votre repos au prix de tout ce que je possède, de tout ce que j’espère, de* cette existence que vous m’avez conservée pour la remplir tout entière. Oui, rien ne me coûtera pour vous rendre à la paix, au bonheur que vous méritez ; je ne demande pour récompense que de vous voir renaître. Ah ! vivez pour moi ; on n’a pas le droit de désirer la mort lorsqu’on est passionnément aimé.

La visite du docteur Moreau mit fin à cette entrevue. Il trouva le pouls d’Ellénore fort agité, et ordonna qu’on ne lui laissât voir personne du reste de la journée.

— À quoi bon, dit-elle, me priver de la présence d’un ami, j’ai peut-être si peu de temps à le voir.

— Allons, point de ces idées-là, reprit le docteur, autrement je renonce à vous soigner ; car lorsqu’un malade ne demande pas mieux que de guérir, nous avons souvent bien de la peine à le tirer d’affaire ; mais quand, avec sa maladie, il nous faut combattre la mauvaise volonté du malade, nous ne sommes pas assez forts ; ainsi, prêtez-vous à vivre, quand ce ne serait que par égard pour ma réputation. Songez donc que je serais perdu si l’on pouvait m’accuser d’avoir laissé mourir une jeune et belle femme telle que vous.

M. de la Menneraye se joignit au docteur pour engager Ellénore à se mettre au lit et à éviter toute espèce d’émotions tant que durerait son accès de fièvre. Il était si visiblement consterné de l’état de dépérissement où il voyait madame Mansley, que le docteur s’empressa de lui donner des espérances que lui-même n’avait pas, craignant qu’Ellénore devinât son danger à l’effroi peint sur le visage de son jeune ami.