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ner l’idée, sera-t-il assez attachant pour faire supporter la simplicité du sujet.

Assez d’historiens plus ou moins vrais, plus ou moins éloquents, se sont chargés de transmettre à la postérité les grands événements de ce règne de gloire. Je me borne à constater l’effet qu’ils produisaient sur les différents salons de Paris, que le deuil de la noblesse, la misère des anciens riches, la persécution de toutes les célébrités passés et présentes n’empêchaient pas d’exercer cette influence toute spirituelle qui a été si longtemps une puissance dans notre pays.

Madame de Staël a donné, dans ses Considérations sur la révolution française, une esquisse de la société de Paris, telle qu’elle était lorsque « la vigueur de la liberté se réunissait, ainsi qu’elle le dit, à toute la grâce de la politesse chez les personnes, » et que les hommes du tiers état, distingués par leurs lumières et leurs talents, se joignaient à ces gentilshommes plus fiers de leur propre mérite que de leurs anciens priviléges, dans le temps où les plus hautes questions que l’ordre social ait jamais fait naître étaient traitées par les hommes les plus capables de les entendre et de les discuter ; mais à cette époque, où sauf la disposition des esprits, tout était encore à sa place ; où l’on discutait sur les différents partis de l’Assemblée constituante avec la même chaleur qui animait l’année d’avant les disputes entre les voltairiens et les séides du citoyen de Genève, la conversation avait conservé cette élégance aristocratique, cette ironie implacable dont la terreur de l’échafaud, ou le pouvoir d’un gouvernement tout militaire, devaient seuls triompher.

Alors, les vainqueurs et les vaincus se faisant