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poir de le connaître : il aime, il est malheureux, son sort paraît dépendre du mystère qui l’entoure. Ah ! que je meure plutôt que de troubler la vie de celui à qui je dois la mienne ! Mais comment le rassurer ? comment lui faire savoir le serment que je fais de ne plus chercher à pénétrer le secret qu’il exige ?

En disant ces mots, les yeux de Valentine retombèrent sur la lettre d’Anatole, et y virent, auprès de la signature, l’adresse du ministre des affaires étrangères. Elle présuma que c’était là qu’Anatole attendait sa réponse, et qu’il avait probablement chargé un des secrétaires du ministre de recevoir pour lui les lettres dont l’adresse ne portait que son nom de baptême. Persuadée qu’elle remplissait un devoir indispensable, elle s’empressa d’écrire un billet dont les expressions nobles et simples attestaient la franchise du sentiment qui les avait dictées. Pas un trait piquant, pas un mot dont la coquetterie eût pu tirer parti. C’était la promesse positive d’observer religieusement le silence imposé par Anatole et dont la reconnaissance lui faisait un devoir.

Lorsque l’âme est émue d’un sentiment généreux, les petites considérations disparaissent ; aussi Valentine ne fut-elle point troublée dans cette démarche par l’idée de répondre à un inconnu, dont le but était peut-être de s’amuser de sa crédulité, et de profiter de la lettre qu’il avait si facilement obtenue d’elle, pour divertir ses confidents ; une telle supposition n’entra pas dans son esprit, malgré sa dispo-