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Voici ce qu’elle contenait :

« S’il est vrai, madame, qu’un heureux hasard m’ait donné quelques droits à votre reconnaissance, permettez que je les réclame, en vous suppliant de me sacrifier le faible intérêt de curiosité que je vous inspire ; encore un mot de vous, et le mystère qui me dérobe à vos yeux cesserait bientôt ; mais alors tout serait anéanti pour moi. Réduit à fuir l’objet d’un sentiment divin qui remplit mon âme, mon existence ne serait plus qu’un long deuil. Ah ! par pitié, laissez-moi l’unique bonheur auquel je puisse prétendre ! Si vous saviez combien l’idée d’occuper quelquefois sa pensée fait tressaillir mon cœur ! avec quels soins je m’informe de ses projets, de ses désirs ! à quels transports me livre la seule espérance de l’apercevoir ! non, jamais vous ne consentiriez à me ravir une si douce félicité.

» Je n’en doute point, madame, vous accueillerez ma prière ; le ciel n’a pas réuni tant de charmes, sans y joindre la sensibilité qui sait respecter et plaindre le malheur ; et je vous devrai encore le seul bien qui puisse m’attacher à la vie.

» Je suis, etc.

» ANATOLE. »


— Oui, s’écria Valentine, après avoir lu ; sa prière est sacrée, et la reconnaissance me fait une loi de la respecter ; je renonce dès ce moment à tout es-