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de se remettre un peu de son étonnement, et de chercher à profiter de la méprise.

— Avant de me justifier, lui dit-elle, d’un tort que je n’ai point, permettez-moi, madame, de me plaindre aussi de votre facilité à m’accuser.

— Quoi ! interrompit la princesse, ce mariage n’est point vrai ?

— Je ne sais même pas à qui l’on me fait l’honneur de m’accorder.

— Ah ! vous savez au moins que le chevalier d’Émerange brûle de vous obtenir.

— Moi… madame… répondit Valentine avec embarras.

— Pourquoi vous troubler, ma chère Valentine ? je ne veux pas arracher votre secret ; croyez plutôt que si vous me réduisiez à le deviner, je saurais le respecter. Votre situation m’est connue ; je sens tous les égards que vous devez à votre belle-sœur ; mais quand vous aurez beaucoup sacrifié à sa sensibilité, il faudra toujours finir par lui porter le coup fatal, et je vous prédis que son caractère emporté ne vous tiendra pas compte de vos ménagements.

— Ah ! madame, pouvez-vous faire une semblable supposition ?

— Je ne suppose rien, je vous jure, et ne fais que vous répéter ce qui se dit dans le monde.

— Oserait-on y calomnier la conduite de madame de Nangis ? Ce serait une indignité !

— Je le pense ainsi ; mais ni vous ni moi n’avons