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déjà de sa loge, de conserver les fleurs qu’il lui avait offertes avec tant de plaisir.

La princesse était encore au lit quand la marquise arriva. Un valet de chambre alla s’informer si elle était visible, et madame de Saverny entra dans le salon pour y attendre sa réponse. On peut se figurer sa surprise lorsqu’elle aperçut sur la table de la princesse le même jasmin qu’elle y avait vu la veille. Sans pouvoir expliquer ce nouveau mystère, elle chercha un autre motif à donner à sa visite ; car, sans se rendre compte du sentiment qui la retenait, elle ne voulait point parler du présent qu’elle avait reçu, avant d’avoir découvert celui qu’elle en devait remercier. Elle était encore dans l’embarras de choisir un prétexte raisonnable, quand on vint l’avertir que la princesse l’attendait. Elle arriva près d’elle avec toute la confusion d’une personne qui ne sait ce qu’elle va dire. La princesse ne s’en aperçut point, et termina son embarras en lui disant :

— Je devine ce qui m’attire le plaisir de vous voir d’aussi bonne heure, ma chère Valentine ; vous savez ce qui s’est dit hier soir chez moi, et combien je me suis plainte de votre silence. Me laisser apprendre la nouvelle de votre prochain mariage par le bruit qu’il fait dans le monde, vous conviendrez que c’est me traiter avec bien peu de confiance, et que mon amitié méritait mieux de vous.

La princesse ajouta tant d’autres reproches obligeants à ceux-ci, qu’elle donna à Valentine le temps