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de Saverny qui le désire. Valentine insiste pour que l’on n’adresse point à l’ambassadeur une demande aussi indiscrète, et défend positivement qu’on la fasse en son nom. Le commis chargé de la location des loges, ne voyant que l’intérêt de son administration, promet bien à la marquise de se conformer à ses ordres, mais c’est en formant le projet de lui désobéir. À peine l’a-t-elle quitté, qu’il écrit à l’intendant de l’ambassadeur tout ce qu’il avait promis de ne pas dire ; il y ajouta quelques-unes des questions échappées à la curiosité de Valentine, et finit par offrir à Son Excellence le choix de deux autres loges en face de la sienne, qu’il assura être meilleures.

La réponse du duc de Moras ne se fit pas attendre, et Valentine, l’ayant rencontré quelques jours après chez la princesse de L…, resta interdite quand il vint la remercier de lui avoir offert l’occasion de faire une chose qui lui fût agréable, en lui cédant sa loge à l’Opéra.

— Elle sera bien mieux occupée, ajouta-t-il, et je m’assure la reconnaissance de mes anciens voisins. Quelle agréable surprise pour eux de voir arriver une aussi belle personne à la place de leur vieux diplomate !

Valentine, révoltée de l’indiscrétion commise en son nom, s’en défendit avec tant de chaleur, qu’elle s’en justifia mal. Son trouble, en écoutant le duc de Moras, son indignation contre ce commis qu’elle menaçait de faire punir de son impertinence, enfin,