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une sorte d’aigreur qui devenait chaque jour moins supportable. L’innocence de Valentine l’empêcha longtemps d’en soupçonner la cause ; mais elle ne pouvait se dissimuler que madame de Nangis paraissait souvent importunée de sa présence ; et, sans oser interpréter ce changement, elle en profitait pour se livrer quelquefois à son goût pour la retraite. Ces jours-là elle ne permettait qu’à la petite Isaure de venir la troubler, et c’est en prodiguant les plus tendres soins à la fille qu’elle se vengeait des caprices de la mère.



XV


La réflexion de madame de Nangis sur le secret d’Anatole revint si souvent à l’esprit de Valentine, qu’elle finit par la trouver toute simple, et s’étonna d’avoir cessé aussi vite les démarches qui pouvaient lui offrir des renseignements certains sur ce qu’il lui restait à savoir d’Anatole. Après avoir rejeté celles qui ne lui paraissent pas convenables, elle se fit conduire un matin à l’Opéra, et, sous prétexte de louer une loge à l’année, elle demande celle où elle a vu pour la première fois Anatole. On lui répond que la loge qu’elle désigne n’est pas libre, mais qu’on ne doute pas que l’ambassadeur d’Espagne n’ait la complaisance de la lui céder dès que Son Excellence apprendra que c’est madame la marquise