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XIV


Le commandeur, qui savait seul le secret de l’embarras de Valentine, voulut y mettre fin en proposant de se lever de table ; mais elle était à peine remise de cette première émotion, qu’il en fallut dissimuler une plus vive encore. Madame de Nangis avait désiré voir la bibliothèque de M. de Saint-Albert ; c’était une des plus complètes de Paris. Il faisait remarquer sa plus belle édition à madame de Saverny, lorsqu’on entendit la comtesse s’écrier en éclatant de rire :

— C’est lui, c’est lui-même ; Valentine, ajouta-t-elle en montrant un des bustes qui décoraient ce cabinet, ma chère amie, dites-moi un peu à qui vous trouvez que ce buste ressemble ?

— Vraiment, interrompit avec empressement le commandeur, il doit ressembler au Troyen Hector ; c’est du moins ce qu’assure le Romain qui me l’a vendu.

— Il s’agit bien de votre guerrier troyen, reprit la comtesse, moi je vous dis que c’est le portrait frappant de notre inconnu, et qu’il est bien aussi beau, aussi brave, que tous vos héros d’Homère. Mais, répondez-donc, Valentine, n’êtes-vous pas d’avis de cette ressemblance ?

Madame de Saverny en était trop frappée pour