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l’invitation du commandeur. Une secrète espérance de rencontrer chez lui cet Anatole, dont le souvenir revenait souvent à sa pensée, ranima sa gaieté. Elle redoubla de soins pour le commandeur, et jamais son désir de plaire ne s’était montré plus visiblement. M. de Saint-Albert n’osant pas s’en faire honneur, lui supposa un autre motif, et dit à voix basse à Valentine :

— Vous ne me diriez seulement pas d’inviter le chevalier ; et cependant vous en mourez d’envie. Mais on ne peut jamais espérer de franchise de la part d’une femme bien élevée.

À ces mots, Valentine se sentit rougir d’impatience ; elle allait répondre de manière à détromper le commandeur, lorsque le chevalier vint s’informer des projets qu’elle avait pour le lendemain. M. de Saint-Albert profita de cette occasion pour remplir ce qu’il disait être le vœu de madame de Saverny ; et la reconnaissance que lui en témoigna M. d’Émerange, dut le confirmer dans l’opinion que la moitié de ses conjectures était au moins bien fondée.

Au jour convenu on se rendit chez le commandeur. Madame de Nangis s’étonna d’en être reçue d’une manière aussi affectueuse ; elle ignorait le respect de M. de Saint-Albert pour les devoirs de l’hospitalité, et ne concevait pas comment ce même homme, si frondeur, si brusque chez les autres, pouvait devenir chez lui aussi prévenant qu’aimable pour