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— Ah ! prenez-y garde, vous me flattez ; me croiriez-vous méchante ?

— Vraiment cette réflexion pourrait bien m’en donner l’idée, et c’est me punir cruellement d’avoir compromis mes éloges ; mais je m’en rapporte à votre esprit, pour distinguer le compliment que l’on cherche, de la vérité qui échappe. Au reste, quelle que soit votre opinion, je ne me donnerai jamais la peine de me justifier auprès de vous, tant je suis convaincu que vous savez déjà mieux que moi tout ce que je pense.

Le chevalier quitta son ton léger pour dire ces derniers mots, qui furent interrompus par les instances réitérées de madame de Nangis, qui voulait absolument faire jouer sa belle-sœur. Valentine sut bon gré à la comtesse de lui épargner l’embarras de répondre au chevalier ; elle alla se placer auprès d’elle, à la table de jeu, et fut étonnée de voir le chevalier s’y établir aussi malgré le refus absolu qu’il avait fait de jouer de la soirée. Madame de Nangis n’en fit point la remarque tout haut ; mais ses regards et l’inflexion de sa voix, quand elle lui adressait la parole, prouvaient trop qu’elle était vivement blessée. Pour la première fois Valentine souffrit du mécontentement de sa belle-sœur, des soins empressés du chevalier, et de la présence du commandeur.