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chevalier essayait l’air qui conviendrait le mieux à cette chanson, et que l’auteur se confondait en phrases modestes, pour prouver qu’il connaissait la médiocrité du genre et de l’exécution de ce petit ouvrage, un indiscret s’avisa de dire qu’il voudrait bien savoir quelle douce occupation avait fait oublier l’heure à madame de Saverny.

— Il faut le deviner, répondit M. de Nangis ; moi je crois qu’elle finissait quelques-uns de ces romans que ces dames prétendent ne pas pouvoir quitter ; et vous, chevalier, quelle est votre idée ?

— Madame écrivait peut-être aux heureux voisins du château de Saverny, dit le chevalier d’un air malin.

— Bah ! dit la comtesse, je parie qu’elle achevait sa toilette : il manque toujours quelque chose à une robe neuve.

— Qui sait, dit une voix qui surprit Valentine, pour occuper longtemps une jeune femme, il ne faut souvent qu’un billet.

— Vous ici, M. le commandeur, s’écria Valentine en se retournant, je vous croyais à la campagne !

— J’en arrive à l’instant, madame, et si je n’ai pas eu l’honneur de me présenter chez vous, c’est que j’espérais vous rencontrer ici.

Madame de Saverny s’excusait avec embarras de n’avoir point aperçu le commandeur en entrant dans le salon, lorsque le son du piano se fit entendre. Après avoir préludé, le chevalier décida qu’une épi-