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Après avoir relu plusieurs fois le billet d’Anatole, elle le serra avec soin, et se rendit chez sa belle-sœur, où l’assemblée la mieux choisie se plaignait depuis longtemps de son absence.

— Qui donc vous a retenue si tard, ma chère Valentine, s’écria madame de Nangis, nous vous attendons depuis un siècle pour chanter les couplets de M. de S…, prendre le thé et commencer le quinze.

— En vérité, ma sœur, je ne méritais guère l’honneur d’être attendue pour tout cela, répondit Valentine ; vous savez que je chante fort peu, et joue encore plus mal ; monsieur, ajouta-t-elle en se tournant vers le chevalier d’Émerange, voudra bien me remplacer, et l’auteur des couplets y gagnera beaucoup.

— Gardez-vous bien de lui rien demander, reprit la comtesse, il est ce soir d’une humeur détestable ; il dit qu’il n’y a pas assez de monde pour jouer, qu’il y en a trop pour faire de la musique, que la conversation est trop brillante pour qu’il s’en mêle, enfin, il blâme tout en demandant la permission de ne rien faire ; voilà la seule réponse qu’on en puisse obtenir.

— Puisque c’est ainsi, je vais me rendre aux ordres de madame, dit le chevalier en s’adressant à Valentine.

Et se levant ensuite pour demander à M. de S… ses couplets, il laissa madame de Nangis un peu déconcertée de ce nouveau caprice. Pendant que le