Page:Nichault - Anatole.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

campagne, et le surlendemain elle reçut la lettre suivante :

« Madame,

» Ne me plaignez pas de l’événement le plus heureux de ma vie, mais de la fatalité qui me prive du bonheur d’aller vous remercier de votre aimable inquiétude. Hélas ! ma blessure est guérie ! et je vais perdre tous mes droits à votre intérêt, sans être moins digne de votre pitié.

» Je suis, etc.
» ANATOLE. »


À cette lettre était jointe la réponse du commandeur, qui annonçait son prochain retour à Paris, sans dire un mot d’Anatole.

— Anatole, répéta tout haut Valentine, je sais enfin son nom, et je connaîtrai bientôt celui de sa famille… Mais que m’importe le secret de sa naissance, j’aimerais mieux savoir celui de ses chagrins. Il paraît malheureux. On n’emploie tant de mystère que pour cacher un tort ou un malheur ; et l’ami de M. Saint-Albert ne peut être un homme coupable. Il n’en faut pas douter, il est malheureux. Mais de quel malheur est-il affligé !

Voilà le sujet sur lequel s’exerça longtemps l’esprit de Valentine. Plusieurs indices lui prouvaient que la fortune n’avait point de torts envers lui. La nature semblait l’avoir comblé de ses faveurs, et