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crierait sur le romanesque des aventures qui se succédaient, et ne manquerait pas de soupçonner tout haut que ce bel inconnu, dont elle avait déjà tant ri, faisait courir après le cocher qui avait failli tuer Valentine, et lui assurerait sans doute une pension, en reconnaissance du bonheur qu’il lui devait d’avoir sauvé son héroïne. La certitude d’avoir à supporter ces mauvaises plaisanteries, confirma Valentine dans le dessein de ne pas plus parler du récit de Saint-Jean, que de la visite du commandeur. C’est ainsi que la moquerie détruit tout épanchement, même dans l’amitié ; et l’on peut affirmer que la peur d’être trahi empêche moins de confidences, que la crainte d’être plaisanté.



XII


Plusieurs jours s’écoulèrent sans que le commandeur reparût chez madame de Nangis. Valentine, alarmée de cette absence, pensa que le danger de son mystérieux ami pouvait en être cause, et se persuada qu’il était de son devoir d’en témoigner quelque inquiétude. Mais elle en parla de la manière la plus réservée, dans un billet où toutes les grâces de la politesse ne dissimulaient pas la contrainte qui l’avait dicté ; car l’idée que ce billet pourrait être montré, avait intimidé Valentine : l’événement justifia sa prévoyance. M. de Saint-Albert était à la