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— Non madame, j’étais hier soir tout tranquillement chez ma mère, quand un monsieur fort élégant, que j’ai bien vite reconnu pour être un valet de chambre, est venu me demander si c’était moi qui étais cause de la chute que madame avait faite à la sortie de l’Opéra. Je ne lui dis d’abord ni oui, ni non, car je pensais bien que s’il s’agissait d’une place, on ne voudrait peut-être pas d’un cocher qui avait fait une si grande sottise. Mais, comme il vit mon embarras, il m’engagea à lui dire la vérité, et m’apprit qu’il était chargé de proposer une bonne place à celui qui venait de perdre la sienne pour avoir si mal retenu ses chevaux.

— Et vous ne lui avez pas demandé qui l’avait chargé de cette commission ? interrompit Valentine, avec un peu d’impatience.

— Si fait, madame, mais il m’a répondu que je le saurais quand je serais au service de son maître.

— On vous propose peut-être là une fort mauvaise maison.

— Oh ! cela n’est pas possible, madame, on me donne encore plus de gages que je n’en avais chez madame la comtesse ; et si ce que dit le valet de chambre est vrai, on n’est pas plus généreux que son maître.

— Quoi, vous ne savez pas même où il demeure ?

— Je sais seulement qu’il est à la campagne, à dix lieues de Paris, et que si madame la marquise a