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occasion de donner des preuves d’intérêt à madame de Saverny ; mais ne voulant plus se compromettre avant de savoir l’effet que produiraient ses soins, il se renferma dans les expressions d’une politesse affectueuse. La préoccupation de Valentine lui parut d’un bon augure, il ne supposa point qu’un autre pût en être l’objet, et répondit sans méfiance aux questions de madame de Nangis, quand elle lui demanda s’il n’avait pas rencontré dans le monde celui qu’elle appelait en riant le bel Étranger. Le chevalier dit qu’il était poursuivi par ce personnage mystérieux qu’il n’avait jamais vu, et dont tout le monde lui demandait le nom. Il ajouta qu’étant arrivé quelques jours avant aux Tuileries, il avait été accosté par une foule de gens qui avaient tous compté sur lui pour leur apprendre ce qu’était un homme fort remarquable par la noblesse de sa taille et de ses traits, et qui venait de monter à cheval, après s’être promené quelque temps avec un de ses amis.

— Je vous avoue, poursuivit le chevalier, que cette curiosité me parut trop ridicule pour la partager : je m’en fais le reproche, actuellement que je soupçonne ce beau monsieur d’être votre héros. Cependant, calmez vos regrets par le souvenir de madame de V…, qui fut sauvée du feu dans une auberge, par le plus bel homme de France, dont elle devint folle, et qui aurait peut-être fait la passion de sa vie, si elle n’avait pas eu l’idée d’aller un jour acheter une robe de satin dans je ne sais quelle boutique à Lyon,