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et à celui qui ramasse votre éventail. Mais l’idée de se trouver en présence de cet étranger l’embarrassait ; elle sentait que sa jeunesse et les agréments qui le distinguaient, intimideraient sa reconnaissance, et le trouble qui naissait de ces diverses réflexions la jetait dans des pensées vagues, que rien ne pouvait ni fixer ni distraire.



IX


Le malheureux cocher dont l’imprudence avait causé tout ce désastre, fut impitoyablement chassé. Valentine tenta vainement de demander sa grâce ; M. de Nangis ne se laissa point fléchir ; mais le pauvre Saint-Jean, en quittant la maison, reçut de madame de Saverny, pour consolation, quelques louis, et l’assurance de sa protection. Mademoiselle Cécile, la nouvelle femme de chambre de la marquise, qui avait été chargée de remplir cette commission auprès de lui, y joignit la promesse de rappeler à sa maîtresse les recommandations qu’elle lui avait fait espérer dès qu’il trouverait à se placer.

L’accident arrivé à Valentine fit bientôt assez de bruit pour que l’on envoyât de toutes parts s’informer de ses nouvelles. Elle fut accablée de visites, et en supporta patiemment l’importunité, dans l’espérance d’apprendre le nom de celui qu’elle désirait tant connaître. Mais personne ne se trouvait avoir