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celle de la comtesse. Elle allait en être atteinte, quand un homme se précipite sur le timon de cette voiture en reçoit un coup violent, repousse avec effort les chevaux que les cris animaient, et relevant Valentine, il la porte évanouie sous le vestibule. Au même instant, les gens de madame de Nangis reviennent suivis du carrosse, pour la chercher. On l’y transporte, après s’être assuré que la frayeur est seule cause de l’état où elle est, sans s’inquiéter de celui où on laisse l’homme qui l’a sauvée.

Un flacon de sels que portait toujours la comtesse, ranima bientôt les esprits de Valentine : elle s’efforça de tranquilliser sa belle-sœur, dont les inquiétudes étaient d’autant plus vives, qu’elle se reprochait le caprice qui l’avait conduite à l’Opéra en dépit de tout et s’accusait du malheur de Valentine. C’est en pareille occasion que l’on pouvait juger de la bonté du cœur de madame de Nangis, et lui pardonner tous les travers de son esprit. Rien n’égalait sa touchante sollicitude pour un ami souffrant, ni sa générosité pour un ami malheureux. Alors tous les intérêts d’amour-propre qui la gouvernaient dans le monde, étaient sacrifiés au désir d’obliger. Souvent envieuse du bonheur des autres, le malheur la trouvait toujours noble et courageuse. Et l’on peut dire que le tort d’abandonner ses amis dans la disgrâce, était la seule mode qu’elle ne suivît pas.

De retour à l’hôtel, madame de Nangis raconta franchement à son mari ce qui lui était arrivé à l’O-