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des plus belles têtes grecques, mais elle en perdit bientôt le souvenir, tandis que Valentine, qui les avait à peine entrevus, se les rappelait encore.

Au commencement du quatrième acte, madame de Nangis, n’ayant pas aperçu le chevalier, et présumant qu’il pourrait peut-être venir chez elle, proposa à Valentine de s’en aller pour éviter les embarras de la sortie de l’Opéra, et l’inconvénient d’être obligée d’accepter la main de quelque ennuyeux. Valentine, émue par le bonheur d’Armide, regretta vivement de ne point entendre ses touchantes plaintes, et se promit de revenir à la prochaine représentation de ce bel ouvrage.

Pendant que ces dames attendaient sous le vestibule, elles virent descendre du grand escalier deux hommes, dont le plus jeune fut bientôt reconnu ; l’autre paraissait âgé de cinquante ans, c’était l’ancien gouverneur ou plutôt l’ami d’Anatole, de ce jeune étranger qu’avait remarqué la comtesse. Un hasard heureux, si l’on peut appeler ainsi ce désir vague qui entraîne à suivre les pas d’une jolie personne, avait heureusement amené ces messieurs au moment où l’on vint avertir madame de Nangis que son carrosse l’attendait. Valentine exige qu’elle y monte la première, et s’élance pour la suivre, lorsque les chevaux qui n’étaient retenus que par un cocher ivre, partent comme un éclair, entraînent le laquais qui tenait la portière, et Valentine tombe sous les pieds des chevaux d’une voiture qui se trouvait derrière ;