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homme, et que rien ne lui semblait aussi raisonnable que de beaucoup l’aimer.

— Je ne me croyais pas si sage, dit le chevalier, de manière à n’être entendu que de Valentine.



VII


M. d’Émerange se retira convaincu de l’impression que son dernier mot avait dû produire sur Valentine, mais il se reprocha de lui avoir trop tôt laissé connaître celle qu’elle avait faite sur lui ; et, pour réparer autant qu’il était en son pouvoir une faute aussi grave, il résolut de passer deux jours entiers sans voir ces dames. Par ce moyen il croyait prouver à madame de Saverny, qu’il n’en était pas au point de n’être heureux qu’en sa présence, et à madame de Nangis, qu’il ne lui donnerait jamais le droit de l’offenser impunément. Ce calcul ne réussit qu’auprès de la dernière, car Valentine n’avait pas eu l’idée de prendre au sérieux la furtive déclaration du chevalier ; elle la mit au nombre de ces mots galants qu’il savait dire avec tant de grâce, et n’en conserva aucun souvenir.

Madame de Nangis était loin de partager cette indifférence ; le moindre mot du chevalier avait la puissance de déranger son humeur ; tout de sa part la flattait ou la blessait, et dans cette occasion son absence lui parut une insulte. Il devait bien présu-