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riva enfin. Le plaisir de se faire attendre avait pour lui tant de charmes, qu’il manquait souvent à ses engagements, dans l’unique espérance de s’entendre raconter le lendemain avec quelle impatience on l’avait attendu. Pour cette fois, la présence de madame de Saverny avait occupé tout le monde, et l’absence du chevalier n’avait été remarquée que d’un petit nombre de personnes. En entrant dans le premier salon, il fut étourdi par les discours emphatiques des admirateurs de Valentine. Pour leur prouver qu’il ne partageait pas leur enthousiasme, et qu’il l’avait assez vue pour la bien juger, il affecta de rester fort longtemps avant d’entrer dans le salon où elle était, et ne parut s’y décider que dans l’intention d’aller saluer madame de Nangis ; mais madame de Saverny eut son premier regard, et l’impression qu’elle produisit sur lui fut d’autant plus vive, qu’il s’efforça de la cacher. À peine eut-il l’air de l’apercevoir. Madame de Nangis qui commençait à être importunée des hommages que l’on prodiguait à sa sœur, sut bon gré au chevalier de cette négligence, et l’en récompensa en ne s’occupant que de lui. Il parut quelque temps ravi de cette préférence, mais quand il s’aperçut que madame de Saverny n’y prenait pas garde, et qu’elle semblait écouter avec intérêt la conversation du commandeur et de quelques autres personnes qui l’entouraient, il se fatigua de la gaieté de madame de Nangis, et s’éloigna d’elle.

Un attrait irrésistible le ramena bientôt auprès de